Depuis plusieurs semaines, je vis
dans un EHPAD des Hautes Alpes. C’est une forme de vie communautaire où
médecins, infirmières, aides-soignantes et agents de service facilitent la vie
des résidents. Ce n’est pas le genre d’existence à laquelle j’aspirais, mais la
vie a ses détours. Dès mon hospitalisation à Gap, on m’avait laissé entendre
que je devrais envisager de rejoindre un tel établissement. Après un temps de réflexion personnelle, quelques manœuvres et
une proposition qui avait l’air de tomber du ciel, j’ai accepté. On m’avait
prévenue que la moyenne d’âge était élevée. Ce que je ne savais pas, c’est que
90 % des patients présentent des troubles cognitifs ou d’Alzheimer plus ou
moins sévères. La plupart est touchante dans ses égarements que j’observe, je
l’espère, avec tendresse. L’ascenseur par exemple, est anxiogène. Vous êtes au
1 ou au 2 ? – Au 2 – Ah … Moi aussi … je crois – Pas du tout, elle
est au 1 ! – Mais non voyons ! Je suis en formation et je dois retourner
dans ma classe. Alors pour évacuer le stress, les langues se délient. Madame,
on m’a pris mes chaussettes, vous ne savez pas où elles sont ? – Oh, la
couleur de votre gilet est absolument ravissante. Dites-moi, vous n’auriez pas
une chambre de libre pour ma petite fille ? Plus tard, la porte de la
chambre s’ouvre doucement. Sans un mot, Fernand traverse la pièce et vient
contrôler les huisseries de la fenêtre. Puis tranquillement, il déclare à
mon adresse : - il n’y a pas moyen de négocier ? – Mais oui bien sûr.
Adressez-vous au Crédit agricole Loire Haute-Loire.
Après s’être fait remettre avec
brio les clefs de l’immeuble d’Autun, Clémence, Déléguée aux Affaires
familiales, s’essouffle. Elle ne parvient pas à convaincre l’étude notariale
d’Autun de lui communiquer les soldes des comptes bancaires au jour du décès
puis l’actif et le passif de la succession. Pourtant, Benjamin et Clémence ont
choisi un notaire de la Loire parmi leurs relations, conformément au souhait de
leur oncle et de l’étude d’Autun qui n’ont jamais voulu accepter Maître Vieu
des Hautes Alpes.
Question : Pourquoi ?
Et bien parce que Maître X de la Loire (je ne me souviens plus de son nom) est
disposé à faire 400 km pour me faire signer deux procurations :
- La première pour finaliser la vente de ma part du studio de Superdévoluy à mon frère JC. Mais pourquoi, puisqu’il se déplace, ce notaire ne me ferait-il pas signer l’acte de vente (plutôt qu’une procuration) ? Parce que probablement, ma signature ne doit être apposée sur aucun acte officiel enregistré, puisque je devrais être morte. Vous suivez ? Non ? Collés samedi !
- La seconde pour permettre à mes enfants de signer la succession de leur Grand-Mère, puisque leur mère, j’insiste, a trépassé. Quand ? Comment ? Mystère. A moins que la négociation ne donne les réponses. J’offre une visite commentée de l’EHPAD à celui ou celle qui me produira le texte de l’accord. Mais attention, je veux l’original, pas une quelconque littérature !
Et mon frère JC, touché par la
grâce*, reconnaîtrait les lenteurs (!) de son notaire, au point qu’il
envisagerait de confier le règlement de la succession à Me X de la Loire.
Pourquoi ce changement d’attitude ? Et bien là, je ne trouve pas de
réponse. D’autant que Benjamin et Clémence l’ont certainement informé que je ne
signerai la procuration que lorsque je connaîtrai l’état des comptes bancaires
et l’actif et le passif de la succession. Il le sait, Me X de la Loire, qu’il
devra questionner le Crédit agricole Centre Est ?
*MMS et photo reçus dimanche
matin : « Nous recevons à Autun
les reliques de Ste Thérèse et de ses Saints Parents, Louis et Zélie Martin.
Nous pensons à toi et prions très fort. Nous t’embrassons. JC ».
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