Au début de sa carrière professionnelle, Anna postule pour le
poste de secrétaire qui se crée à la Direction générale. Après l’audition des
candidates et l’étude de leur dossier respectif, la DRH tarde à prendre une
décision, laissant ainsi les supputations aller bon train sur radio-couloirs. Par
recoupements (il faut bien vérifier ses sources), Anna comprend que deux
secrétaires sont pressenties, défendues chacune avec conviction par leur
Directeur respectif. Après plusieurs semaines, la DRH fait connaître sa
décision, et Anna apprend que sa candidature est rejetée. Alors malgré un naturel
plutôt réservé, elle ose faire une remarque totalement inopportune à son supérieur
qui avait eu la courtoisie de soutenir son dossier :"La
prochaine fois, il faudra choisir un autre cheval !". PREMIER
ECUEIL.
Un jour, le Responsable du service Commercial demande à Anna si
elle veut bien aller chercher son pantalon au pressing situé en face de la
Caisse régionale. Effrontément, elle refuse : 1) parce qu'elle ne se voit pas
dans l'ascenseur avec le pantalon de son Chef de service sur le bras (!)
2) parce qu'elle ne s'appelle pas Conchita. DEUXIEME ECUEIL. Et puis
vous, les secrétaires, qui lisez ce blog, est-ce que votre supérieur
hiérarchique fait vos courses lorsque vous êtes débordées ?
En 1985, Anna est mutée dans le réseau commercial. Elle explique
donc son poste à sa remplaçante, en détaillant les différents dossiers et leur
traitement, en particulier l'affectation comptable des factures. Avant de
partir, elle informe son Directeur qu'elle considère avoir fait le maximum dans
la formation de sa collègue et ajoute simplement : "Ensuite, c'est à l'usage ... ".ECUEIL N°3.
Car la remplaçante rencontre ensuite quelques difficultés dans l'appréciation
des codes comptables. Et s'il est vrai qu'Anna avait eu quelques doutes sur
cette compétence en particulier, se devait-elle, pour autant, d'en informer son
Directeur ? Aurait-elle été crédible ? Anna avait préféré miser sur la capacité
d'adaptation de sa collègue, ce qui se révéla être une mauvaise évaluation.
Après deux mois de présence en agence, Anna est questionnée sur
le ton d'une banale conversation : "Tu
n'aimerais pas retourner travailler à la Caisse régionale ?" Sans trop réfléchir, Anna répond
par la négative. ECUEIL N°4. Evidemment, si on lui avait expliqué droit dans
les yeux qu'elle retrouverait le travail qu'elle aimait, la réponse aurait été
toute autre. Mais à ce moment là, elle ignore les problèmes que rencontre sa
collègue.
Chaque matin, Anna a de grandes difficultés à arriver à l'heure
sur son lieu de travail. En réalité, JAMAIS elle n'arrive à l'heure exacte ! C'est
comme une exigence : elle doit toujours arriver avec 2 ou 3 ... allez 5 minutes
de retard les plus mauvais jours. Est-ce le résultat de son éducation
dont la Direction de la banque, on le comprend, se moque totalement ?
ECUEIL N°5.
A la fin des années 80, Anna fait sa crise de mysticisme, et
durant cette période, elle porte à son cou une petite croix en bois (un peu
rustique, il faut bien le reconnaître) de 2 cm environ, pas plus. Un jour, un
de ses collègues observe que le Directeur n'aime pas çà, à juste titre
maintenant qu'Anna connait la législation à ce sujet. A nouveau, elle brave sa
réserve naturelle : "Il n'a
qu'à venir me le dire lui-même ! » et effrontément, elle
continue de porter "le signe ostentatoire" de sa religion. ECUEIL
N°6.
En même temps, Anna épure son dressing : elle porte volontiers
des kilts (style vieille France profonde, vous voyez ? Ne vous inquiétez pas, elle s’est
ressaisie ensuite) que son supérieur trouve tristes à pleurer. Une nouvelle
fois, il le fait savoir, et une nouvelle fois, Anna refuse de changer ses
habitudes. ECUEIL N°7.
Un jour, précisément celui où la visite du Directeur Général à
l'agence est annoncée, Anna, fidèle à elle-même, arrive en retard vêtue d'un
pull et d'un jean (à la banque, au tout début des années 90, very chocking !).
Candidement, elle explique qu’elle a oublié le petit évènement et surprend
le regard dubitatif du Directeur de l’Agence. ECUEIL N°8.
L'excellence des rapports humains qu'elle entretient avec ses
collègues ne parvient pas à lui masquer ses faibles dispositions pour le
métier, aggravées d'autant par l'état de plus en plus inquiétant de son couple.
Mais dés qu'elle divorce, Anna retrouve son équilibre, ce qui lui permet
de ne jamais tomber dans le piège des manipulations ordonnées par la Direction
pour lui faire réintégrer la Caisse régionale. ECUEIL N° 9.
C'est toutefois sans compter les desseins malsains de son
ex-mari, qui se rapproche de l'encadrement de la petite agence située à la
périphérie de Saint Chamond où Anna vient d’être nommée. Curieusement, elle
constate de troublantes erreurs dans la production de son travail. C'est alors
qu'elle décide de proposer sa candidature pour un poste d'hôtesse d'accueil à
la Caisse régionale, là ou les erreurs professionnelles sont plus difficiles à
provoquer, du moins, elle le croit. Car sans l'aide de ses amis -ECUEIL
N°10- Anna aurait été vaincue.
Tous ces écueils figuraient sans aucun doute dans son dossier
personnel à la DRH ; ce qui n'engageait pas de conséquences majeures lorsque
des personnes naturellement bienveillantes le consultaient. Elles acceptaient
... en soupirant ? ses accès de rébellion. Il n'en fut pas de même lorsque de
nouvelles personnalités arrivèrent à la Direction de la Caisse régionale,
talonnées par l'ex-mari et la famille d'Anna qui clamaient haut et fort : "elle n'en fait toujours qu'à sa tête !" Essayez, c'est très
agréable ... Le 22.02.1996 dans une salle d'opération, un chirurgien douteux
"épinglait" Anna.
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