Il y a une quinzaine d’années, je
regarde par hasard la TV un dimanche après midi : sur l’écran, Patrick
Poivre d’Arvor conduit un entretien avec une religieuse à l’intérieur d’un
monastère. La personne paraît avoir 55 ans, s’exprime avec des gestes amples,
tutoie le journaliste, sourit fréquemment, rit franchement. Elle est ouverte,
bavarde même, spontanée. Et je suis scotchée par son charisme et son aisance.
PPDA la questionne sur sa
vocation et elle raconte qu’à 20 ans, elle était très amoureuse d’un garçon qui
a dû partir à la guerre (en Indochine ou en Algérie, je ne me souviens plus). Ses
sentiments profonds étaient réciproques. Quand elle apprend le décès de son
fiancé, elle est submergée par le chagrin et se réfugie dans la prière. D’où
sans doute, son choix de vie.
A la compassion du journaliste, la
religieuse répond : « Ah, mais je ne suis plus malheureuse, parce que
je le vois régulièrement. Il me rend visite souvent ». PPDA, à peine
surpris (on devine qu’il savait qu’elle allait en parler) poursuit la
conversation sans renchérir. Et moi, d’emblée, je la crois. Parce que je trouve
l’histoire jolie (on aime tous le merveilleux) et aussi parce qu’elle apparait
comme une femme bien dans son corps. Je dirai, d’une façon surannée, qu’elle
donne l’impression d’être honorée fréquemment dans les règles de l’art.
Toutefois, je ne parle à personne de ma foi en ce vieux rêve inavoué qui habite
probablement chacun de nous : survivre à notre propre mort.
Il y a trois ou quatre ans, je
m’abonne pendant une année à la revue « Prier » où chaque mois, une
jeune journaliste tient une chronique. Un jour, elle évoque son histoire
d’amour : après quelques mois de mariage, son jeune mari trouve la mort en
montagne. On comprend qu’ils se vouaient des sentiments très profonds conçus à
l’adolescence. Elle décrit son chagrin qu’elle croit insurmontable dans un
premier temps, puis elle explique que son compagnon est parti en précurseur et
que grâce à lui, elle a connu l’expérience du mont Tabor. Curieusement, le mois
suivant, elle fait l’éloge de la nudité. Si je n’avais pas écouté auparavant le
témoignage de la religieuse, peut-être que je n’aurais pas eu la même lecture,
je n’aurais pas cherché à décrypter entre les lignes. A tort ou à raison, je me dis que peut-être, elle aussi retrouve
régulièrement son mari.
Quelques mois plus tard, Youssef,
médium de son état et de ce fait très informé, confirme que ces rencontres
entre deux êtres qui s’aimaient profondément, mais séparés trop tôt, existeraient
bel et bien. Il me dit aussi que les églises en auraient connaissance, mais ne
communiqueraient pas sur le sujet. Et le phénomène, on le devine, serait rarissime.
* Titre de la chanson de Michel Berger
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez laisser vos avis, vos remarques, vos traits d'humour.