S’engager dans le mariage, c’est
accepter une vie commune où chacun doit découvrir l’autre, ses aspirations, ses
différences. Au début, la nouveauté, les sens, masquent les réalités. Un jour, vous
devez convenir que vous vivez avec un étranger.
Timidement, vous commencez par
dire que vous n’êtes pas d’accord avec la façon dont il envisage l’actualité
politique ou économique, ce qu’il accepte très bien parce que sur ces
questions, c’est vous le leader. Comprenez : il s’attribue sans complexe
vos idées et vos opinions. Viennent ensuite les désaccords familiaux, et là, il
fronce les sourcils. Sa famille est un clan au sein duquel vous n’êtes qu’une
pièce rapportée, sachez-le. Pourtant, le jeune beau-frère est bien content
quand vous faites admettre à votre mari qu’il a le droit d’emprunter son vélo
même s’il est flambant neuf. Puis un jour, vous manifestez votre indépendance.
Vous refusez ouvertement d’obéir à un ordre à peine voilé : accepter
l’échangisme avec un couple ami. Il capitule, du moins vous le croyez. Et vous
n’osez pas analyser cette impression de malaise qui s’installe en vous.
Vous observez votre compagnon, et
vous voyez bien qu'il ne sait refuser aucune avance féminine. Et bien qu'en
votre présence, il modère son intérêt pour les jeunes femmes qui lui sourient, au
début de votre idylle, vous vous sermonnez en vous reprochant votre esprit
chagrin. Mais vous ne pouvez empêcher le doute, surtout quand votre supposée
moitié affiche une excellente humeur suspecte.
C'est alors qu'il décide
d'envoyer des signaux destinés à tromper l'ennemi : il a, par moments, des
débordements d' affection insupportables, puis, cerise sur le gâteau, il vous
offre un cadeau. Et si vous parvenez à décrocher la timbale, c'est que le jeu
(ou la demoiselle) en vaut la chandelle. Une crise de réunionite aigüe le
contraint à rester tard sur son lieu de travail, tandis que vous vous coulez
avec bonheur dans de longues soirées avec vos enfants. Quand arrive la preuve
irréfutable -vous, superbe brune, vous chassez de son épaule, un superbe
cheveux blond, épais, long, bouclé- vous vous exclamez sur un ton placé
entre l'amusement et l'ironie : "Ah ben celui-là, il n'est pas à moi
!". Et vous laissez votre compagnon se dépêtrer avec ses incertitudes.
Plusieurs années seront
nécessaires pour accepter l’idée que vous ne pouvez pas compter sur lui. Après,
vous ne serez plus jamais tranquille. En permanence, vous êtes sur le qui-vive
à surveiller ses propos, deviner ses desseins, anticiper ses décisions. Arrive
le moment où vous faites d’avantage confiance à vos enfants préadolescents qu’à
votre mari. Et pour être sûre que ses opinions et ses mœurs discutables ne
contaminent les esprits de votre progéniture, vous placez l’éthique très haute.
Las ! Il vous accuse d’être psychorigide.
Alors vous découvrez
l’homéopathie uniciste qui vous promet une forme olympique. A pieds joints,
vous sautez dans les disputes conjugales avec une satisfaction non dissimulée. Toutefois,
vous apprenez à vos dépends que votre conjoint ne sait pas négocier. Avec armes
et bagages, vous prenez la poudre d’escampette … en oubliant que vous ne
pourrez plus trier ses relations ni canaliser ses agissements.
*Titre du livre de Claude Mauriac
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