samedi 18 avril 2015

LES FOURS BANAUX




Les  hameaux  et  les  villages  des  Hautes-Alpes,  comme tous ceux du reste de la France, restaurent leur patrimoine  : fours à pain, lavoirs et fontaines, chapelles.

Les premiers fours imaginés par l'homme remontent au début de sa sédentarisation. Il grille d'abord les céréales de ses premières cultures, puis cuit des galettes et enfin, le pain. On dit que celui-ci serait né par hasard au Proche-Orient il y a environ 5000 ans : une pâte à galette oubliée aurait fermenté un long moment avant d'être cuite, et fait nouveau, elle aurait gonflé. Ce sont les Grecs qui inventent le four à bois "moderne" qui n'a presque pas changé depuis 2000 ans. Ils ont l'idée de coucher sur le sol, avec une ouverture à l'avant, le four "tandoor" égyptien en forme de jarre enfoui dans la terre. A la fin de la chauffe, ils retirent le feu pour cuire les aliments par rayonnement de chaleur. Plus tard, les Romains introduisent un nouveau matériau capital : la brique de terre cuite.

Four tandoor

Au moyen-âge, le four à pain est un privilège du seigneur qui prélève sur chaque cuisson une taxe : la banalité, "ban" signifiant "astreinte". Là où il y a un four banal, tous les habitants sont obligés d'y cuire leur pain en apportant le combustible. En contrepartie, le seigneur assure l'entretien du four et ses accès. Cette organisation est justifiée par la sécurité contre le feu qui peut se révéler dramatique dans des hameaux construits en bois qui n'ont, pour l'éteindre, que des seaux d'eau apportés de la fontaine.

Les fours collectifs forment une construction indépendante des autres habitations, de forme rectangulaire, réalisée en matériaux du pays. Il peut s'agir d'un four "ouvert" dont la gueule donne directement sur l'extérieur, ou d'une fourniale, où le four, dans un bâtiment plus vaste, est prolongé par une pièce, le fournil, sorte d'antichambre qui permet de préparer la cuisson du pain bien à l'abri.




En 1793, la banalité est définitivement supprimée par la révolution, et les fours deviennent des biens communaux. Avec l'avènement de la boulangerie au tout début du XXe siècle, le vieil usage du four collectif disparaît.

Depuis des siècles, la structure des fours à pain reste inchangée. Ils sont composés :

- d'une sole faite de matériaux réfractaires, une surface de quelques m2 sur laquelle est placé d'abord le bois de chauffage et ensuite le pain :




- d'une voûte réalisée à l'origine en terre glaise, plus tard en briques, sur lesquelles est appliquée une épaisse couche d'argile pour l'isolation :






- d'une bouche sur la face avant du four, pouvant être obturée pendant la cuisson par une porte, le bouchoir, en bois ou en tôle.
- d'une cheminée au dessus de la gueule, en briques ordinaires plus souples.
- d'un cendrier où sont remisées les braises, simple trou dans le mur en bas à droite ou à gauche de la bouche du four.

L'allumage se fait avec un combustible calorifère : du genêt très sec, des branches de buisson ou de noisetier. Puis on remplit le four avec des fagots de bois jusqu'à ce que le feu chauffe à blanc les pierres de la voûte. Les cendres sont ensuite retirées à l'aide d'un instrument dont la forme et le nom varient suivant les régions. La sole est nettoyée avec un tissu humide accroché à un bâton ou un balai en genêts, avant d'enfourner la pâte à pain qui va cuire grâce à la chaleur emmagasinée. On place d'abord les gros pains sur les côtés du four, puis les petites pièces, enfin les gâteaux, tartes, et galettes qui ont besoin de moins de chaleur. Clic. En basse température, le four peut être utilisé pour faire sécher des fruits, des légumes ou n'importe quoi d'autre.





Elle est à toi cette chanson
Toi l'Auvergnat qui sans façon
M'as donné quatre bouts de bois
Quand dans ma vie il faisait froid
Toi qui m'as donné du feu quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
M'avaient fermé la porte au nez
Ce n'était rien qu'un feu de bois
Mais il m'avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr' d'un feu de joie

Toi l'Auvergnat quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise à travers ciel
Au père éternel

Elle est à toi cette chanson
Toi l'hôtesse qui sans façon
M'as donné quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim
Toi qui m'ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
S'amusaient à me voir jeûner
Ce n'était rien qu'un peu de pain
Mais il m'avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr' d'un grand festin

Toi l'hôtesse quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise à travers ciel
Au père éternel

Elle est à toi cette chanson
Toi l'étranger qui sans façon
D'un air malheureux m'as souri
Lorsque les gendarmes m'ont pris
Toi qui n'as pas applaudi quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
Riaient de me voir emmener
Ce n'était rien qu'un peu de miel
Mais il m'avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr' d'un grand soleil

Toi l'étranger quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise à travers ciel
Au père éternel.

Chanson pour l'Auvergnat
Georges Brassens


Comme l'auteur de la chanson, Anna aimerait savoir utiliser la poésie (salvatrice comme l'écriture) pour dire sa reconnaissance à ceux et celles qui apportent leur soutien. Et les autres, me direz-vous, est-ce qu'elle leur en veut ? Elle se demande souvent quelle est la signification réelle de l'expression "en vouloir à quelqu'un". En proférant ces mots, est-ce que nous souhaitons aux personnes offensantes tout le mal qu'elles nous ont fait, ou tous les maux de la terre, ou pire encore, la descente aux enfers (une gentillesse un peu restrictive qui n'est valable que pour ceux qui y croient) ?




Elle avoue ne pas aimer cette formule, et préfère dire qu'elle regrette le geste. Lequel peut la blesser plusieurs jours avant qu'elle n'accepte l'agression. D'aucun diront alors qu'elle est rancunière. Anna se rassure en pensant que c'est sa sensibilité qui est atteinte où ses émotions se gravent durablement. Elle ne croit pas être naturellement belliqueuse ... tant qu'on "ne la cherche pas" (tendre l'autre joue, elle ne sait pas faire). Toutefois, elle peut endurer des mois, des années, pour se découvrir un beau matin un instinct revanchard, surtout avec le commun des mortels. En amour, le temps et les évènements peuvent l'assaillir, elle garde toujours un profond respect pour l'être aimé.

Paray-le-Monial est un lieu de grâces pour le pardon, comme disent les catholiques. Anna aimerait aller déposer aux pieds de son Créateur toutes ses longues années de contrariétés et de maltraitance. Elle se souvient des enseignements de haute volée dispensés le matin, particulièrement régénérants. L'après midi, la participation à des modules sur un sujet choisi, désinhibe et déculpabilise notre spiritualité vagissante. Si l'organisation et l'animation des sessions sont assurées par des laïques, des prêtres (mignons, si !) discrets et disponibles sont présents pendant toute leur durée. Et puis la beauté des lieux et l'acoustique de l'église romane font des laudes et des vêpres des instants de prière magiques. Bref, on en revient tout neuf !

"Il n'avait pas de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d'amour ; mais il était joyeux parce qu'il était libre".  (Victor Hugo).












Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez laisser vos avis, vos remarques, vos traits d'humour.