Quand je suis arrivée au Crédit
agricole en 1980, le Comité d’entreprise offrait, parmi sa palette d’avantages,
une participation financière aux employés qui souhaitaient enseigner l’équitation
à leurs enfants. C’est ainsi que Benjamin et Clémence, à l’âge de cinq et quatre
ans, se retrouvèrent chacun sur le dos d’un poney dans un club stéphanois. Et
dans le manège destiné aux enfants, tournaient aussi avec application une
petite fille de quatre ans : Julie. C’était une petite fille calme,
réservée, qui su rapidement se faire aimer par mes enfants. Je pris plaisir à
retrouver ses parents chaque samedi après midi ; nous bavardions tout en
observant la monitrice « s’éparpiller » entre son enseignement et ses
soupirants.
Nous nous sommes reçus, avons
organisé des sorties dominicales dans la campagne. Quand il m’arrivait d’aller
chez Martine et Bernard, j’aimais observer Julie qui venait toujours se placer
entre ses deux parents pour m’accueillir. Jacques a toujours considéré cette
famille comme des amis à moi. Je devinais, sans vraiment m’y attarder, des
rapports un peu tendus entre Bernard et Jacques, le premier étant doté d’un
tempérament direct et droit, le second … Martine et moi discutions, riions, les
heures passées ensemble étaient toujours très agréables, sans jamais aucune
fausse note. Martine, Bernard et Julie prirent l’habitude de louer chaque année
le studio de Superdévoluy, et c’est probablement par ce biais que ma famille,
au hasard de l’envoi postal du règlement, se permit d’entrer en contact.
Après ma séparation conjugale,
nos entrevues se raréfièrent, même si elles restaient courtoises. Quand Clémence
annonça la date de sa confirmation organisée par l’aumônerie de Saint-Michel,
mon ex et ma famille firent une fixette : ils voulaient absolument que
Jacques soit invité. Mais moi, je ne le voulais pas, car j’avais toutes les
peines du monde à tenir mon ex éloigné de ma vie. Un jour, il s’était même permis
de venir sonner à la porte un dimanche matin, alors que les deux enfants
étaient en week-end chez moi. Clémence ne souhaitait pas non plus la présence
de son père, pressentant l’ambiance délétère de la réunion familiale. Donc,
Anna faisait de la résistance. Peu de temps avant le jour J, Martine et Bernard
se présentèrent sans prévenir, et très vite, je sus l’objet de leur visite :
me convaincre d’inviter Jacques. Je campai sur mes positions et avec regrets (j’aimais
le couple ami) fis remarquer gentiment que Martine devrait s’occuper de ses
affaires. Bernard, toujours droit comme un i, approuva discrètement. Nous nous
quittâmes en bons termes, mais un ressort s’était cassé.
Toutefois, Clémence et Benjamin
appréciaient Julie. Un hiver, ils invitèrent leur amie à venir skier à
Superdévoluy. Julie accepta, Clémence fut ravie, et Benjamin confirma sa
participation aux vacances. Mais au final, nous partîmes seules, moi, Clémence
et Julie.
Nous nous sommes croisés ensuite
une seule fois dans la rue, alors que je sortais de chez le pneumologue ;
c’était, je crois, en 1998. Vaguement, sans trop y croire, j’eus le sentiment que Martine et Bernard en savaient plus que moi sur les raisons de ma consultation, mais je ne m’y
attardai pas.
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