mardi 30 juin 2015

Les Garçons naissent dans les Choux



En 1990, je confie à Me J. Avocate à Saint-Etienne, le règlement de ma séparation conjugale. Imprudemment, je demande  au Notaire familial d’Autun, de s’occuper du partage des biens. Mais après quelques mois, mon avocate me demande de changer de notaire sans argumenter son conseil. C’est alors que le Directeur de l’agence bancaire de Saint-Chamond où je travaille, me recommande « un jeune notaire compétent et dynamique » : Me D.

Je connais la personne pour l’avoir aperçue à l’agence ; le notaire est courtois, tout en sachant exprimer son mécontentement quand la situation le justifie. Il a rejoint, quelques années auparavant,  une étude saint-chamonaise connue. Les deux jeunes associés ne manquent pas de glamour : ils sont beaux, sympas, intelligents, ambitieux sans que cela n’affecte leurs rapports avec autrui. Ils sont appréciés par le personnel de la banque parce qu’ils donnent le sentiment qu’ils gèrent leur activité professionnelle avec conscience et honnêteté.

Donc, je prends contact avec Me D.. Nos premiers échanges sont professionnels, mais rapidement, nous nous apercevons que nous pouvons communiquer par la pensée. Il s’en suit une relation particulière. Par télépathie, nos rapports peuvent être drôles, tendres, complices, sérieux quand nous évoquons nos valeurs et notre philosophie de la vie. Je découvre une personnalité qui se pose des questions, et moi, j’adore !  Lui, mesure d’emblée l’avantage d’avoir toujours « sous la main » à tout moment du jour et de la nuit, quelqu’un à qui soumettre ses réflexions, ses interrogations. En même temps, je constate que la magie n’opère plus dés que nous nous rencontrons. Qu’importe !  Nous avons chacun notre vie, nos enfants grandissent, et les années défilent.

Un jour, notre communication télépathique cesse. Dans un premier temps, j’en éprouve quelque soulagement, car la télépathie contrarie mon tempérament naturellement solitaire. Plus tard, j’apprends que Jean s’est remarié avec une jeune femme. J’en éprouve un peu d’amertume (la télépathie crée des liens), mais rapidement, je dépasse l’évènement. Lors de nos quelques entretiens verbaux des années suivantes, je suis interpelée par le changement que je perçois dans la personnalité de mon notaire. Je l’appréciais pour sa clarté, ses informations deviennent floues quand je le sollicite pour m’assister dans le règlement de la succession paternelle. Surtout, il n’affiche plus son écoute attentive et réfléchie. Je me dis qu’il est amoureux et que du haut de son petit nuage, il ne se souvient plus de notre complicité télépathique.

Les évènements que je relate ci-après m’ont été enseignés par télépathie, il faut donc les comprendre au conditionnel. 

Ma vie est gérée depuis bientôt vingt ans par une négociation dont j’ignore les règles. Au moment de la signature, on ne me demande pas si je suis d’accord avec le principe. Pourtant, il est question de savoir comment on va soustraire à la justice une erreur médicale lourde, faite délibérément et sur commande dans mon propre corps, avec le but non avoué mais tellement espéré de m’envoyer six feet sous terre. Et si j’avais préféré le procès ? … Donc, pour éviter de se compliquer la vie, la banque décide que dans cette affaire, je serais transparente. Et pour commencer, elle ne juge pas nécessaire de m’adjoindre l’assistance d’avocats : elle demande tout bonnement à mon notaire de les remplacer. Après tout, c’est un homme de loi lui aussi, qui n’a reçu aucun enseignement pour défendre les intérêts des personnes, mais peu importe. Il présente l’immense avantage de faire partie des clients plein de bonté avec lesquels l’institution entretient des relations privilégiées. Certains, débordant de reconnaissance, regardent la banque comme s’ils voyaient Dieu le Père.

Fou de joie par l’honneur qu’on lui fait, mon notaire accepte de s’asseoir à la table des négociations, signe en mon nom des conditions certainement magnifiées par la partie adverse, et qui, plus tard, se révèlent dramatiques pour plus d’un. Je n’entre pas dans le détail des règles car ce ne serait que supputations. Jamais, en effet, mon notaire ne m’a expliqué les tenants et les aboutissants de l’accord que je cherche à deviner depuis des années en m’usant les neurones. Son remariage devrait le conduire à dénoncer la négociation et beaucoup pense qu’il m’a expliqué que je pouvais me tirer d’affaire en écrivant LA lettre.

J’affirme qu’il ne m’a jamais rien dit de tel. J’ai commencé à soupçonner cette possibilité, en regardant un diaporama envoyé il y a trois ans environ, attaché au courriel sans texte d’un ancien collègue. A la fin, on invite le lecteur à écrire une lettre … Les images, le texte, la musique se veulent persuasifs. J’ai mis un certain temps à comprendre que le montage venait probablement de mes adversaires. Et je ne retrouve plus le dit montage dans ma bibliothèque Images.

Jean 8, 43-45

Quand je te vois passer, ô ma chère indolente, 
Au chant des instruments qui se brise au plafond 
Suspendant ton allure harmonieuse et lente, 
Et promenant l'ennui de ton regard profond ;

Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore, 
Ton front pâle, embelli par un morbide attrait, 
Où les torches du soir allument une aurore, 
Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,

Je me dis : Qu'elle est belle ! et bizarrement fraîche ! 
Le souvenir massif, royale et lourde tour, 
La couronne, et son coeur, meurtri comme une pêche, 
Est mûr, comme son corps, pour le savant amour.

Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines ? 
Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs, 
Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines, 
Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs ?

Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques 
Qui ne recèlent point de secrets précieux ; 
Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques, 
Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux !

Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence, 
Pour réjouir un coeur qui fuit la vérité ? 
Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence ? 
Masque ou décor, salut ! J'adore ta beauté.

L'Amour du Mensonge
Charles Baudelaire



Un petit garçon demande à son papa :
- Papa
- Oui mon chéri
- C'est vrai que les garçons naissent dans les choux ?
- Euh... oui... oui, c'est ça mon petit.
- Et les filles ? Elle naissent dans les roses ?
- Et oui. Tu as tout compris mon p'tit bonhomme.
Le soir même le petit n'arrive pas à s'endormir. Il entend du bruit dans la chambre de ses parents et s'y rend discrètement. Il ouvre délicatement la porte et voit ses parents en train de faire l'amour.
- Alors les vieux ! On jardine ?





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